Si vous cherchez à découvrir des films qui sortent des sentiers battus, avec un regard innovant sur la technique cinématographique innovante, le cinéma d'art et expérimentaux est probablement exactement ce dont vous avez besoin. Réalisés sur une très longue période, ces films sont marqués par une liberté artistique remarquable, qui leur permet de généralement tout se permettre. Dans cet article, nous décortiquons l'univers fascinant du cinéma d'art et expérimental, de son histoire à ses principales figures de proue, en passant par ses enjeux actuels et perspective.
Qu'est-ce que le cinéma d'art et expérimental ?
Cette forme d'expression cinématographique se définit comme une pratique alternative à l'industrie hollywoodienne conventionnelle, louée pour sa liberté artistique. Alors que le premier film de fiction est sorti en 1895, le genre s'est véritablement développé dans les années 1950, lorsqu'un mouvement d'artistes cinématographiques s'est mis en place. Ces films sont réalisés à faible budget et n'ont souvent pas de scénario écrit à l'avance, ce qui implique une plus grande prise de risques et une approche purement instinctive. L'aspect expérimental du genre est particulièrement emblématique des années 1960 et 1970.
Histoire du genre
Les bases du genre et ses fondements esthétiques sont mis en place durant les premières années du cinéma, avec des figures importantes telles que Georges Méliès (1896-1921), considéré comme un des premiers cinéastes avant-gardistes, qui a notamment inventé le traveling. Plus tard, des piliers théoriques et artistiques se mettent en place, alors qu'un mouvement s'organise autour des étudiants en cinéma les plus avant-gardistes. L'arrivée des films expérimentaux (qui, selon certains, constitue donc l'avant-garde de l'avant-garde) peut-être datée de la fin des années 1950, lorsqu'une nouvelle génération d'artistes, entre autres Jack Smith et le groupe Fluxus, réalisent des films documentaires et artistiques pour prendre leurs distances avec les canons esthétiques hollywoodiens.
Caractéristiques principales
Le genre s'identifie généralement par des caractéristiques qui s'affranchissent totalement des contraintes industrielles et sociales imposées par le cinéma de fiction. Le style est avant tout expérimental, et ce, dans tous les sens du terme, la prise de vue, le montage, mais aussi le contenu et le sujet des films. Les contraintes économiques n'existent pas, ce qui laisse aux réalisateurs une grande liberté pour produire leurs œuvres. De plus, le côté non conventionnel de ces films empêche à ce jour toute catégorisation, ce qui permet un grand éventail de styles et de créativité, qui en fait sa puissance et vivacité jusqu'à aujourd’hui.
Style et thèmes exploités
Les thèmes et les approches de ces films sont exceptionnellement variés, et peuvent osciller entre des œuvres abstraites telles que Manner Film (1974), des portraits envoûtants comme La Esmeralda (2010), des documentaires socialement engagés tels que Statues also die (1953), au cinéma plus provocant et politique, tels que Les Règles de l'hospitalité (1986) ou encore Nicht Versöhnt (1985) de Harun Farocki. Certains cinéastes américains comme John Cassavetes sortent également des sentiers battus avec des films dans un style proche du cinéma dite d'auteur.
Les « figureheads » du cinéma d'art et expérimental
Le cinéma d'art et expérimental a vu arriver de nombreux grands talents, aussi bien états-uniens qu’internationaux. Nous aborderons ici trois des piliers les plus importants qui ont défini et incarné le genre avec brio.
Stan Brakhage
Réalisateur états-unien, Brakahage est alors considéré comme le père fondateur de mouvement expérimental. Bien qu'il ait débuté de façon très conventionnelle en produisant des documentaires, il est aujourd’hui reconnu mondialement pour ses travaux avant-gardistes tels que Mothlight (1963); Desistfilm (1954), et Window Water Baby Moving (1959).
Maya Deren
De son vrai nom Eleanora Derenkovskaya, Maya Deren a révolutionné l'avant-garde cinématographique avec ses courts métrages hypnotiques et ses traités de cinéma expérimental, tels que A Study in Choreography for Camera (1945). Elle prônait le rôle plus actif du spectateur que nécessite le cinéma d'art et expérimental.
Andy Warhol
Bien qu'Andy Warhol soit mieux connu pour sa scène artistique underground et ses œuvres mémorables, il était également un grand cinéaste. Son plus grand succès est évidemment le film underground emblématique de 1963 « Sleep », un portrait du poète John Giorno méditant pendant cinq heures et voyant des couleurs, sous couvert de la musique de John Cale.
Quelques exemples de films d'art et expérimentaux
Bien que la liste des films d'art et expérimentaux soit trop longue pour être exhaustive, voici trois titres qui représentent bien cette scène dynamique et créative :
Scorpio Rising (1963)
Scorpio Rising est un court métrage expérimental de 28 minutes réalisé par Kenneth Anger en 1963. Le film est devenu célèbre pour sa représentation provocante et subversive de l'iconographie catholique et nazie, ainsi que pour son utilisation innovante de la musique rock. Le film suit un jeune homme nommé Scorpio qui se prépare pour une soirée à moto, et mélange des images de cérémonies catholiques, des rituels nazis et des publicités pour des produits de consommation. Le film est souvent considéré comme une exploration de la fascination d'Anger pour les symboles de pouvoir et de domination, ainsi que pour les sous-cultures marginalisées.
Koyaanisqatsi (1982)
Koyaanisqatsi est un film expérimental sorti en 1982, réalisé par Godfrey Reggio et produit par Francis Ford Coppola. Le film est célèbre pour sa musique minimaliste de Philip Glass, ainsi que pour ses images impressionnantes de la nature, de l'industrie et de la technologie. Koyaanisqatsi est un mot Hopi qui signifie "la vie en déséquilibre" et le film cherche à explorer la relation de l'homme avec la nature et la technologie, en montrant les effets de l'industrialisation sur l'environnement. Les images du film sont présentées sans narration et les séquences sont souvent accélérées ou ralenties, donnant au film une qualité hypnotique et contemplative.
Un chant d'amour (1950)
Un chant d'amour est un court métrage réalisé par Jean Genet en 1950, qui raconte l'histoire d'un gardien de prison et de son obsession pour un prisonnier. Le film est célèbre pour sa représentation provocante de l'homosexualité, ainsi que pour son esthétique surréaliste et poétique. Le film a été créé à une époque où l'homosexualité était criminalisée en France, et a été censuré pour de nombreuses années. Le film utilise des images symboliques pour représenter les désirs refoulés du gardien et l'aliénation des prisonniers, et a été salué pour sa représentation empathique des personnages marginalisés. Un chant d'amour est considéré comme un chef-d'œuvre de la cinématographie LGBT et a inspiré de nombreux cinéastes depuis sa création.
Les enjeux et perspectives actuels du cinéma d'art et expérimental
Si le cinéma expérimental s'est toujours positionné à l'écart de l'industrie hollywoodienne, de nouveaux développements ont permis à ce genre de voir sa présence grandir au cours des dernières années.
Une présence en ligne croissante
Depuis sa naissance, le cinéma expérimental possède une présence conséquente en ligne, une présence qui ne cesse d'augmenter. De nombreux réseaux sociaux et plateformes en lignes se sont spécialisés dans leur exposition de courts métrages et de documentaires indépendants, donnant souvent une plateforme plus large qu'aux films de l'industrie majeure. Ces plateformes fournissent à cette scène son logo et sa plus grande audience actuellement.
Une scène artistique dynamique
Le cinéma expérimental ne manque pas non plus d'artistes talentueux, qui ont récemment été reconnus par la scène artistique internationale. Depuis ses débuts émergents, ce genre a évolué pour proposer des œuvres à la fois inventives et innovantes, qui en font aujourd'hui un genre bien établi.
Un cinéma qui fait l'objet de débats esthétiques et éthiques
Le cinéma est le sujet de débats intenses autour de ses choix esthétiques et éthiques. D'un point de vue esthétique, les cinéastes ont des choix à faire en matière de mise en scène, d'éclairage, de couleurs et de composition des plans, qui peuvent être sujet à des opinions différentes sur ce qui est considéré comme beau ou efficace pour raconter une histoire. D'un point de vue éthique, les cinéastes doivent faire des choix délicats en ce qui concerne la représentation de sujets délicats tels que la violence, la sexualité, la discrimination et les stéréotypes. Les questions éthiques peuvent également se poser autour du traitement des acteurs et de l'équipe de production, ainsi que du respect des normes de sécurité sur le plateau.